Fibre optique : investissements records et inquiétudes de l'Arcep
La fibre optique est devenue un enjeu stratégique pour les grands opérateurs de télécommunications. L'objectif ministériel d'atteindre les quatre millions de foyers connectés à l'horizon 2012 a convaincu France Télécom d'investir dans le secteur, lui permettant d'envoyer un signal fort aux marchés financiers.
Iliad, la maison mère de Free, annonçait déjà en septembre vouloir miser sur la fibre optique pour les prochaines années, en prévoyant un plan d'investissement de un milliard d'euros jusqu'en 2012. Elle a depuis ramené son objectif pour les années 2006-2007 de 300 millions à 160 millions d'euros. De son côté, Neuf Cegetel répondait quelques semaines plus tard avec un plan d'investissement limité de 300 millions d'euros jusqu'en 2009 assorti de rachats dans le secteur, puis par le lancement de son offre grand public à Paris et à Pau en avril.
INVESTISSEMENT MASSIF DE FRANCE TÉLÉCOM
France Télécom testait depuis de nombreux mois sa technologie fibre en région parisienne. L'opérateur décidait en mars de lancer sa première offre aux particuliers. L'annonce d'un investissement compris entre 3 et 4,5 milliards d'euros jusqu'en 2012 positionne aujourd'hui l'opérateur historique comme principal acteur dans ce secteur en plein devenir. Cependant, France Télécom a tenu à préciser que ces investissements seraient échelonnés progressivement, en commençant par 80 millions d'euros en 2007 puis 190 millions en 2008. De son côté, le câblo-opérateur Noos/Numericable a lancé début décembre une offre de très-haut-débit et investit actuellement dans la modernisation de ses réseaux. On attend donc très prochainement l'annonce "fibre optique" de Free qui devrait entraîner une baisse des tarifs de la concurrence.
LA MUTUALISATION AU CŒUR DES COMBATS
Mais cette guerre des investissements masque un problème bien réel d'accès au réseau. Comme il n'y a pour l'instant aucun cadre juridique ou aucune entente de mutualisation des fourreaux accueillant les réseaux fibres, chaque opérateur s'empresse de câbler le maximum de zones intéressantes – avec un niveau suffisant d'abonnés potentiels – pour ne pas avoir à partager son réseau. L'Arcep (Autorité de régulation des télécommunications) souhaite ardemment et depuis de nombreux mois cette mutualisation effective des réseaux à très haut débit des opérateurs. Elle lance prochainement une consultation publique sur l'accès des opérateurs aux fourreaux existants amenant à la desserte des immeubles. En outre, l'Autorité a décidé de nommer Sébastien Soriano chef de projet très-haut-débit, chargé des problématiques liées au déploiement du très-haut-débit.
La boucle locale, actuellement essentiellement en fil de cuivre, devra être renouvelée par de la fibre optique. Ce changement de technologie implique plusieurs dizaines de milliard d'euros d'investissements, ce que ne peut entreprendre seul aucun des acteurs du marché. C'est pourquoi une mutualisation des infrastructures paraît indispensable pour une bonne répartition des accès au très-haut-débit, une diminution de travaux redondants, mais aussi et surtout pour éviter tout monopole de l'un ou l'autre des opérateurs, tout en laissant jouer la concurrence.
Olivier Dumons
Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... RSS-651865
